Actualité Échelle Inconnue

Doctorat sauvage en architecture Nouvelle année, nouvelles sessions.

Le Doctorat sauvage en Architecture est né au moment où les écoles d'architectures françaises, dans un sacro-saint mouvement, s'alignaient sur l'européenne trinité du LMD (licence, master, maîtrise) sans pour autant fournir le dernier pied de ce tabouret bancale : un doctorat en architecture. Peu importe, doctorat ou pas, les écoles comme les universités ont fait la preuve de leur incapacité à générer la ville de Tous ainsi qu'à casser les logiques de séparation, discrimination, contrôle, guerre, inhérentes à la pensée de l'espace occidental postdémocratique. Et aucun de leurs docteurs ne saura curer le mal de cette ville là. Au mieux s'appuieront-il sur les discriminations sociologiques en cours pour élaborer l'espace d'un Tous partiel dans l'attente que s'y intègrent ses propres marges. Ni eux, ni leur rejetons branchés de l'architecture en bois de coffrage.

Le rapprochement récent des universités et du monde de l'entreprise comme le mariage ancien des écoles d'architectures avec les bétonneurs ne promettent que ceci : les choses deviennent intéressantes quand le marché s'y intéresse. En leur ceint, nulle promesse d’intellectuel organique, capable de produire et travailler avec les siens n'est possible.

Alors leurs mots, notre monde. Et ce doctorat sauvage comme la création de nos propres moyens de connaissance.

Vous êtes plombier, couvreur, étudiant, chômeur, chauffagiste, architecte, historiens, citadin, SDF, Voyageur... ce doctorat vous est ouvert. Ici, nul savoir dispensé, à ingérer, nulle simplification démagogiques mais un lieu et un moment de rencontre, d'échange, d’accès. Et une affirmation : il est plus que temps de fabriquer Nos intellectuels, de Nous fabriquer en intellectuels aussi, refusant de trahir.

Ce doctorat comprend des conférences, des séminaires, des ateliers, des projets qui vous sont ouverts, auxquels vous pouvez participer.

C'est avant tout avouer et explorer collectivement notre ignorance et la difficulté d'appréhender à hauteur d'homme notre propre espace : la ville ; de la comprendre et la refaire à la hauteur de nos impossibles.


Les premières conférences de la session 2013


JEUDI 31 JANVIER à 18h30

Catastrophisme, angélisme, militantisme ou fausse neutralité ? Le bidonville « objet » de recherche...

par ODETTE LOUISET

« Pratiquement contemporain de la désignation de « tiers monde », le bidonville émerge comme une catégorie majeure d'analyse des dynamiques urbaines dans des régions décrites comme « en retard » et moins urbanisées. Les critères de définition du bidonville sont essentiellement fondés sur le statut foncier et sur le type de construction bien que la diversité des situations soit soulignée en même temps que le caractère générique de quartier. en savoir (+)
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JEUDI 14 FEVRIER à 18h30

"La gestion des déplacements et des présences dans l'espace urbain par le son"

DIFFUSION SONORE & VIDEOS

par JULIETTE VOLCLER

"« Lalafalloujah », tel est le surnom donné par les GI’s à la ville irakienne de Falloujah en 2004, alors qu’ils bombardaient ses rues de hard rock à plein volume. « C’était comme envoyer un fumigène », dira un porte-parole de l’armée états-unienne. Les années 2000 ont en effet vu se développer un usage répressif du son, symptomatique de la porosité entre l’industrie militaire et celle du divertissement, sur les champs de bataille et bien au-delà. en savoir plus (+)

Les TP et pratiques opérationnelles sont en cours de rédaction

CONFERENCE / ODETTE LOUISET // JEUDI 31 JANVIER à 18h30 // titre : Catastrophisme, angélisme, militantisme ou fausse neutralité ? Le bidonville « objet » de recherche...

« Pratiquement contemporain de la désignation de « tiers monde », le bidonville émerge comme une catégorie majeure d'analyse des dynamiques urbaines dans des régions décrites comme « en retard » et moins urbanisées. Les critères de définition du bidonville sont essentiellement fondés sur le statut foncier et sur le type de construction bien que la diversité des situations soit soulignée en même temps que le caractère générique de quartier. Les descriptions fouillées et statistiques qui prévalent dans le tableau de cette urbanisation « sauvage » ou « spontanée » inscrivent les travaux de recherche dans une volonté d'objectivation du phénomène. L'approche est majoritairement surplombante et normative, mobilisant souvent des références à l'épisode européen de forte croissance urbaine du 19ème siècle. Dans le même temps, le bidonville est implicitement présenté comme une négation de ville, comme un quartier dont la suppression s'impose comme une évidence. Jugement de valeur aisément décelable dans cette science positive, à associer à la norme urbanistique et urbaine directement issue des codes d'urbanisme des grandes institutions internationales, c'est-à-dire d'Europe. A tel point que l'application de cette norme identifie la grande majorité des habitats produits dans les villes du Tiers monde comme appartenant à la catégorie « informelle ». La posture de recherche témoigne alors à la fois du catastrophisme par excès de zèle normatif et d’une illusion angélique que les bons plans d'aménagement fourniront une solution au problème.

Comment donc échapper, d'une part à l'illusion positiviste pour faire entrer la société dans la compréhension du phénomène autrement que par cette extériorité? Une hypothèse le permet : le bidonville est produit par le fonctionnement d'ensemble de la société dans une configuration spatiale appelée ville (les mêmes constructions en zone rurale ne sont ni désignées comme bidonvilles, ni stigmatisées). Ce n'est donc pas la forme « ville » qui est productrice du bidonville mais la projection normative des observateurs sur une production sociale jugée plus que comprise. La conséquence de cette hypothèse pose le bidonville comme un habitat urbain « normal », un quartier de la ville. L'objet et ses habitants sont même courtisés par de nombreux acteurs (associations, ONG, partis politiques, services municipaux...) qui tous ont besoin du bidonville et de ses habitants.

Restituer cette position, c'est proposer une expertise scientifique militante juste à l'amont de l'implication et de l'action. Cette expertise consiste à rester sur le terrain scientifique en dénonçant les illusions du choix épistémologique en surplomb et la croyance dans l'objectivation par le nombre et les catégories...Mais cette expertise consiste aussi à proposer la reformulation du problème « bidonville » avec pour option militante le choix de placer les faits sociaux, culturels et politiques au centre, y compris en prenant les valeurs exprimées comme des faits. C'est là que s'arrête la contribution scientifique juste avant l'implication voire l'action. Chez les experts positivistes, l'implication va jusqu'à la la formulation de recommandations, jusqu'à la contribution directe aux programmes.

Du point de vue de la discipline scientifique, pousser à la révision épistémologique est déjà un acte militant, contribuant à réviser l'espace de représentation qui est le véritable objet en jeu. »


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