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Il
est des territoires violents qui entraînent l'exaction. Il arrive que
cette révolte évolue, se transforme et, au moment où l'on pourrait croire
à sa disparition, elle réapparaît sous d'autres formes, avec une autre
violence moins évidente, moins apparente, une violence sourde, profonde,
diffuse et invisible. On parle alors de « malaise ». Pour dénoncer ce
malaise, encore faut-il le connaître. Pour le comprendre, quand on ne
le vit pas, il est nécessaire de donner la parole aux principaux intéressés,
ici, les enfants du Clos Gauthier. Comment donner cette « parole » ? En
refusant d'institutionnaliser quelque chose qui devait être provisoire,
en refusant d'accepter la répression qui mène à l'exclusion, en refusant
d'excuser l'indifférence de ceux qui n'en parlent pas, en refusant une
discrimination régnante... Enfin, en reconnaissant la complexité et les
différences de chacun, en reconnaissant l'angoisse de notre propre incapacité,
de notre propre désarroi et en reconnaissant notre responsabilité. Seulement
après, l'écoute devient possible.
Voici
la raison de notre venue ici, au cœur du clos Gauthier,au début
du mois de Janvier : opérer une transformation sur un transformateur EDF,
en changer la forme. Mais rapidement la question « changer quoi ? » s'est
posée : le transformateur, sa forme, la pensée qui l'a fait naître ou
le quartier ? Voilà ce qui nous a occupé tout ce temps : ce « quoi » que
l'on pourrait appeler programme.
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