JANVIER-FÉVRIER 2023 : LE CAMION-CINÉMA D'ECHELLE INCONNUE DE RETOUR EN RÉSIDENCE À FLAMANVILLE (COTENTIN, FRANCE), AVEC LES OUVRIERS NOMADES DU NUCLÉAIRE
En 2007, EDF lance la construction d'un EPR, centrale nucléaire de nouvelle génération, sur le site de Flamanville.
Alors même que l'habitat mobile est réputé incompatible avec la ville planifiée, il est ici souhaité pour loger la main d'oeuvre au plus près du chantier, dans ce que l'on pourrait appeler une « zone dérégulée » - prémisse de la première Zone Économique Spéciale de France, à Port-Jérôme-Sur-Seine.
Flamanville ne compte officiellement que 1724 habitants ; mais 5000 travailleurs d'une dizaine de nationalités y vivent aujourd'hui en caravane, mobile-home, camion ou camping-car.
Depuis 2017, entre recherche et création, Echelle Inconnue y filme et y analyse les évolutions du logement ouvrier, questionne son assujettissement au travail et aux mutations urbaines.
Il s'agit d'un projet commun avec les habitants de cette urbanité particulière dans un processus long où le temps se partage entre périodes de résidence et périodes de restitution auprès des premiers concernés.
Ici, l'image filmée est entendue comme un objet de discussion entre l'équipe et les personnes rencontrées - les sortant du statut d'objet d'étude ou d'interviewé pour accéder à celui d'acteur d'une communauté de recherche.
Au commencement, un premier film est réalisé à partir d'images d'archives pour introduire les questions liées à l'habitat des ouvriers en lien avec les projets infrastructurels de Flamanville depuis le XIXe siècle - voir ci-dessous, rubrique « Work in progress ». Ce court film est montré aux ouvriers qui travaillent sur place afin d'explorer avec eux les occurrences du logement mobile dans cette zone, et les formes de travail qui ont été ou sont présentes à Flamanville.
Puis vient la projection des premières images de repérages et d'entretiens, autour desquelles nous discutons, amendant ce qui ne peut être dit, cherchant à le figurer autrement.
En équipe réduite, nous vivons sur place avec les travailleurs de la centrale dans notre MKN-VAN, à la fois logement, salle de projection, d'enregistrement, de montage mais aussi cinéma de plein air.
Aujourd’hui, le travail sensible et théorique mené par Echelle Inconnue depuis six ans touche à sa fin. Et Les Films Déplanifiés s’associe à Echelle Inconnue pour porter le film qui vient clore ce travail d'expérimentation participative autour de l'habitat ouvrier précaire et mobile : Le Campement des lucioles, fable documentaire sur et avec les « nomades du nucléaire ».
Ce travail, développé dans le cadre du programme Makhnovtchina de Stany Cambot, dialogue avec celui réalisé en Russie depuis 2013 sur les urbanités informelles post-soviétiques et les campements ouvriers russes qui construisent le Grand Moscou.