PAS DE BLACK FRIDAY POUR ECHELLE INCONNUE
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Le 15 décembre, le coup de feu retentira. Cependant, nous espérons ne pas trop vous décevoir en vous annonçant que nous ne participerons pas à cette course au « Black Friday » culturel qui ne manquera pas de suivre ce top départ de l’arbitrage sanitaire.

Depuis septembre dernier, nos tentatives de vous convier à nos événements ont avorté. Et même si l’heure est à l’agitation spectaculaire, aux tentatives fébriles de réinventer des principes et des activités, à faire croire à qui veut l’entendre « que l’on est rien sans le public », à attester auprès des différentes tutelles que l’on existe, et surtout, à faire croire que le monde était bien triste sans nous, nous ne resterons pas l’œil collé au baromètre sanitaire. Nous n’inventerons pas non plus une supposée culture de crise. Nous tirons juste doucement le rideau sur ce qui ne constitue que la partie émergée et publique de notre activité et ce, jusqu’en septembre 2021. Car le travail artistique ou culturel n’est en aucun cas l’événementiel, nous reportons, entre autres, notre programme de rencontres ainsi que les Doctorats Sauvages. Nous poursuivons cependant le travail et le partagerons désormais avec vous indépendamment des imprévisions sanitaires.

Ce que remet en cause ce moment particulier, ce n’est pas la culture mais une certaine manière de la produire et de la consommer. Ce que le poète Armand Gatti appelait la culture du tiroir-caisse. Une chaîne économique, dans laquelle le spectateur est tout autant produit que consommateur, dans laquelle encore on le quantifie en jauge tout en prétendant le « rencontrer ». Bref, une certaine frange de la société du spectacle en prend un coup. Et pour se maintenir comme acteur primordial de notre société, cette frange est prête à redevenir l’espace d’expérimentation de l’adaptabilité.

Or, l’adaptabilité a été et sera sans doute encore davantage le lot des plus fragiles et relégués ; ceux, par exemple, dont l’économie tient en partie de l’arrondissement clandestin, ou simplement bricolé, des fins de mois ; ou encore ces travailleurs déplacés, officiels ou non, qui font tourner le confort de ce monde qui semble dormir.

Semble simplement ; car pendant nos hibernations forcées, le monde d’en haut fait avancer ses projets : le Grand Paris et sa métropolisation de l’axe Seine jusqu’au Havre, le développement de la première Zone Économique Spéciale de France à Port-Jérôme, la candidature de Rouen en tant que Capitale Européenne de la Culture, et l’assignation des plus pauvres à la mobilité, nécessaire à ces projets. Une reconfiguration de nos espaces, auxquels on nous demandera sans doute de nous adapter : réindustrialisation de l’axe Seine, dérogations aux droits au logement sous couvert d’entreprenariat social, établissement de nouveaux octrois écolo-vertueux autour des espaces urbains privilégiés, course à l’infrastructure et au développement « métropolisé », etc. En somme, une adaptation très française des changements politiques et territoriaux que nous observons depuis 2013 en Russie.

Nous ne nous arrêtons pas mais poursuivons au contraire notre tentative de rendre ces mécaniques lisibles avec ceux qui en font les frais. Le ciné-truck Makhno-Van reprendra bientôt la route dans l’espace industrialo-portuaire dont la métropole techno-verte et culturelle se nourrit tout en l’oblitérant. Nous nous retrouverons peut-être lors d’une de ses haltes.

Ou encore ici pour vous faire part de l’avancée de cette tentative de dire le désastre en images.

Dans les mois qui viennent, en textes et en images aussi dans le prochain numéro de notre revue franco-russe.

Ou dans l’ici de notre lieu de travail et centre ressource qui vous sera évidemment ouvert.


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