Parce que nous avons rêvé des villes comme des forêts de poings tendus vers le ciel, contestant le réel ; depuis novembre 2000, nous travaillons sur l'utopie et son territoire. Nous menons ce travail dans trois lieux avec ceux qui les peuplent : un restaurant social (la Chaloupe, Rouen), un foyer pour personnes sans domicile (l'URAS, Rouen), un relais accueil pour les gens du voyage à Sotteville-lès-Rouen. Avec eux (parce qu'une utopie qui ne s'adresse pas en priorité aux pauvres, aux vagabonds et aux nomades, n'en est pas une), nous tentons d'interroger un mot : utopie. Ensemble, nous lisons Thomas More, Tomasso Campanella, Cyrano de Bergerac, Etienne Cabet. Nous tentons de comprendre en quoi ces textes peuvent résonner avec notre ou nos présents. Ensemble, toujours, nous écrivons, photographions, dessinons, créons des images mais aussi des sons. Parce qu'aujourd'hui nous savons que l'utopie n'est pas le doux rêve inoffensif ou la poésie niaise que certains voudraient y voir mais, au contraire, la projection, sur le mode poétique, d'un inverse de nos sociétés et de nos villes dans un ailleurs ; une distance, dans laquelle pourra s'exercer la critique. Parce que l'utopie est une affaire de réel : une bombe poétique que l'imprimerie fera éclater dans la cité, une poétique de combat. Nous tentons de faire exister ce travail dans la ville même, créant des installations, des situations, tournant autour du mot, tentant de le faire résonner sinon exister pour quelques heures dans la cité. Ce site est un chantier ouvert au public où s'empilent, à mesure que le travail avance, les pierres contradictoires et révoltées, candidates à un voyage qui voudrait nous sauver de la réalité. Y sont présentés les trois lieux dans lesquels nous travaillons ainsi que les comptes-rendus des premiers ateliers. S'y ajoutent, chapitres après chapitres, les différents moments du travail ainsi que les images de leurs présentations dans la ville. |
