Dans le grand vanmélé du ciel, Gayatri m'apprenait à lire les nuages



''Vanmélé est le titre provisoire d'une cartographie cinématographique que Pierre Michelon a entrepris en 2012. C'est un mot de langue créole guyanais que l'on ne peut traduire par "étranger", mais par une poétique qui déjoue le xénophobe : celui ou celle que les vent ont apportéE, ont constituéE.

De Guyane française, de Kanaky, d’Algérie ou de France des voix s’éleÌ€vent, celles des condamnéEs politiques déportéEs par la puissance coloniale face aÌ€ laquelle ils ou elles tentaient de faire front. Une histoire méconnue se dévoile : elle meÌ‚le des espaces géographiques et des destins multiples, des idéologies opposées et/ou solidaires, des correspondances clandestines ou disparues, des travaux forcés, des évasions. C’est un passé commun, un passé traduit et pluriel. C’est le dessus-dessous des paysages, c’est l’écoute des archives, des voix sous silence et des battements d’ailes.

D’autres récits proviennent de celles et ceux qui se souviennent : quelques enfants de condamnéEs, quand ils le peuvent, évoquent la mémoire de leurs parents. C’est aÌ€ leur écoute que se construit cette fable politique. Ce serait le montage d’un film inachevable, ce serait un film qui prononcerait — conditionnel — une histoire des décolonisations, telles qu’elles n’ont pas pu eÌ‚tre, telles qu’elles ne sont pas encore."
Pierre Michelon