Deux arts les plus dépendants du pouvoir sont le cinéma et l’architecture. Comme tous les matériaux de production et de travail sont nationalisés, l’autonomie de ces secteurs d’arts disparaît très vite. Ainsi, vers 1930 toutes les salles de cinéma privées et les studios de production de cinéma disparaissent. De la même façon, vers 1937, l'architecture de papier d’avant-garde est sévèrement critiquée, des architectes sont jugés, certains d’eux sont fusillés.

Mais est-ce que tous les créateurs suivent les demandes de fonctionnaires sans réflexions, sans tentatives d’éviter la censure ? Est-ce que le travail des professionnels (des architectes ou des cinéastes) ne reflète que la propagande ou bien arrivent-ils à montrer la réalité objective dans leurs œuvres ?

En effet, l’observation des films de fiction permet de restituer le lieu d’habitat comme un espace projeté, comparer la situation subie avec le concept idéologique. C’est dans des films de fiction qu’on peut regarder les métamorphoses qui se passent avec les notions « d’intimité », « de comportement acceptable » (etc.) selon le changement de ligne idéologique du Parti. En outre, les films de fiction permettent de relever des pratiques de différentes époques (comme, par exemple, le système de compensation spatiale).

C’est-à-dire, que le cinéma devient un moyen d’observation de l’architecture, un reflet des processus qui se passaient dans le lieu d’habitat. Mais en même temps, c’est un moyen qui relève la position officielle sur ces processus.

Conférence proposée par Liudmila Piskareva, doctorante en architecture à Paris et assistante et traductrice pour le projet Makhnovtchina d'Echelle Inconnue à l'est de l'Europe. Dans le cadre de l'Hiver Franco-Russe d'Echelle Inconnue "Précipitons le temps où nous deviendrons tous des oiseaux".

Lieu : La conjuration des fourneaux, 149 rue Saint-Hilaire, Rouen
Date : jeudi 23 février 2017 à 19h