Lorsque la fête foraine arrive en ville, la foule s’est toujours pressée devant les monstres de foire.
Avec le 19e siècle et son industrialisation, mais aussi ses réflexions sur l’individu, la place du monstre est questionnée.
La nouvelle différenciation notée par Canguilhem entre le monstrueux et la monstruosité, c’est à dire entre le juridique et le biologique laisse théoriquement une place aux êtes difformes dans la cité.
Mais un monstre que l’on voit au quotidien ne fait plus recette.
Le monstre pour exister en tant que tel doit rester insaisissable.
La thématique du monstre caché, qui surgit ça et là dans l’ombre de la ville connaît donc le succès que l’on sait, d’Elephant Man au Jocker en passant par Le Loup Garou de Londres.
Ses modes d’apparitions tiendront régulièrement de l’équilibre entre mouvement et fixation.
Le dispositif forain du spectacle de monstres se retrouve dans l’idée du passage, dans la ruelle.
Le spectateur passe, le monstre est là, entrevu un instant, effrayant.
Que le spectateur s’y attarde, le monstre est humanisé, à moins que ce ne soit le spectateur qui découvre en lui-même un monstre bien plus terrible.
Palais des glaces à grande échelle, la ville et ses reflets troublent le Moi-Peau, nous font douter de notre échelle, de nos proportions.
Et si le monstre en ville c’était nous…

Conférence proposée par Xavier Jeudon, Chercheur en Histoire du cinéma.
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INFORMATIONS PRATIQUES :

Lieu : Echelle Inconnue, 11-13 rue Saint-Étienne des Tonneliers, 76000 Rouen
Heure : à 19h30